mardi 10 novembre 2009

Synthèse de la journée d'étude par Jacques Commaille

Jacques Commaille, Professeur émérite ISP-ENS Cachan, spécialiste de la sociologie politique du droit, interviendra à la fin de la journée pour réaliser une synthèse et une mise en perspective des discussions.

lundi 9 novembre 2009

Des textes de la journée d'étude !

Sur la page consacrée à la journée d'étude sur le site Melissa, vous trouverez en avant-première quelques textes supports des communications du 19 novembre. Bonne lecture !

mercredi 30 septembre 2009

Programme de la Journée d'études

Journée d’études organisée par l’Institut des Sciences Sociales du Politique (ISP-CNRS)

MINORITES ET DROIT

Jeudi 19 novembre 2009

Salle des conférences du Pavillon des Jardins

Ecole Normale Supérieure de Cachan

61, avenue du Président Wilson, 94235 Cachan

Programme

9h00-9h15 Accueil des participant-e-s

9h15-9h30 Introduction générale

Gwénaële Calvès (Professeur de droit public à l’Université de Cergy-Pontoise)

9h30-11h30 Les minorités nationales dessinées par le droit : entre tensions et intégration

Président : Jean-Charles Szurek (Directeur de recherche au CNRS, ISP Nanterre)

Discutante : Laure Blévis (Maître de conférences en sociologie, Université Paris 10 Nanterre)

Marie-Laure Basilien-Gainche (Maître de conférences en droit public, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle) : Minorités nationales et représentations garanties : la dialectique unité – diversités dans les PECO.

Damien Deschamps (Maître de conférences en science politique, Université de la Réunion) : État civil et état politique dans les Établissements français de l’Inde ou des usages et significations politiques de l’état juridique des personnes dans un contexte colonial.

Katerina Karabencheva (Doctorante en science politique, ENS Cachan et Nouvelle Université Bulgare, Sofia) : Les Roms de Bulgarie et de Roumanie – émergence de la représentation politique.

Pascal Bonnard (Doctorant en science politique, CERI - Sciences Po Paris) : Colons, vraies versus fausses minorités, immigrés... Jeux et enjeux de la qualification des populations non-lettones en Lettonie suite à l'introduction du droit européen sur les minorités.

11h30-11h45 Pause

11h45-13h15 Se saisir du droit : l’appropriation du droit par les minorités

Présidente : Claire de Galembert (chargée de recherche au CNRS, ISP - ENS Cachan)

Discutant : Eric Agrikoliansky (Maître de conférences en science politique, Université Paris Dauphine/IRISES)

David Paternotte (Docteur en science politique, FNRS/Université libre de Bruxelles, University of Cambridge) : La juridification, une autre approche de la saisie du droit par les minorités ?

Marième N’Diaye (Doctorante au CEAN, IEP de Bordeaux) : Le droit, un outil efficace pour l’émancipation des femmes au sud ? Le cas de l’action des organisations féminines pour la promotion du statut de la femme dans le code de la famille sénégalais.

Isabelle Carles (Groupe d’études et de recherches «Genre et Migration», Institut de Sociologie – ULB) : L’usage des lois visant à lutter contre les discriminations raciales en France : genre et citoyenneté.

13h15-14h15 Déjeuner-buffet

14h15-16h15 Le droit au service des minorités : reconnaissance ou invisibilisation ?

Président : Daniel Borrillo (Maître de conférences en droit, Université Paris 10 Nanterre)

Discutante : Virginie Guiraudon (Directrice de recherche au CNRS, Ceraps, Université Lille 2)

Olivia Bui-Xuan (Maître de conférences en droit public, Université d'Évry-Val d'Essonne) : L’appréhension des minorités par le droit public français.

Marta Roca i Escoda (chercheuse invitée au GRAP-Université Libre de Bruxelles et à l'IDT-Universitat Autonoma de Barcelona) : Mobiliser le droit, se saisir du droit et réaliser le droit : sites de mobilisations collectives des associations homosexuelles en Suisse et en Espagne.

Soline Laplanche-Servigne (Doctorante, Sciences Po Paris) : Luttes de reconnaissance des « minorités visibles » : combat politique contre le racisme ou combat de droit contre les discriminations ?

Délia Lacan (Doctorante, Université Paul Valéry Montpellier) : Minorités et droit : les néoconservateurs noirs américains face à l’affirmative action.

16h15-16h30 Pause

16h30-18h00 Les minorités mises en équivalence par le droit

Présidente : Laure Bereni (Assistant professor/faculty fellow, New York University).

Discutant : Daniel Sabbagh (Directeur de recherche au CERI - Sciences Po)

Juliette Rennes (Maître de conférences, Université Lyon 2) : Minorités et réclamations de l'égalité en droit : répertoires d'arguments et répertoires d'actions. Des porte-parole des femmes aux défenseurs des étrangers et des minorités sexuelles (France, de 1880 à nos jours)

Marie-Christine Cerrato Debenedetti (Doctorante, IEP d’Aix en Provence, IREMAM) : Usages socio-politiques du droit de l’anti-discrimination. Le cas d’une action publique locale de lutte contre les discriminations raciales

Vincent-Arnaud Chappe (Doctorant, ISP – ENS Cachan) : Les logiques sociales de la mise en équivalence des minorités par le droit anti-discrimination : la création de la HALDE et l’universalisation de la lutte contre les discriminations.

18h00 Synthèse de la journée par Jacques Commaille, Professeur émérite ENS Cachan.

Cocktail



Contacts : minoritesetdroit@gmail.com

Blog de la Journée d’études « Minorités et droit » : http://minoritesetdroit.blogspot.com

Comité d’organisation : Laure Bereni, Marie Bidet, Vincent-Arnaud Chappe, In-Sook Choi, Maxime Forest, Samer Ghamroun, Katerina Karabencheva, Narguesse Keyhani, Séverine Lacalmontie, Loïc Lafargue de Grangeneuve.

Comité scientifique : Eric Agrikoliansky, Laure Blévis, Daniel Borrillo, Gwénaële Calvès, Claire de Galembert, Virginie Guiraudon, Liora Israël, Eléonore Lépinard, Pierre Noreau, Anne Revillard, Daniel Sabbagh, Jean-Charles Szurek.

Se rendre à l’ENS Cachan :

Plan d’accès : http://www.ens-cachan.fr/version-francaise/outils/plan-d-acces/

Venir à pied à partir de la station RER de Bagneux (ligne B) :

La station B du RER se trouve au 129 avenue Aristide Briand sur la commune de Cachan. L'ENS Cachan se situe au 61 avenue du Président Wilson sur la commune de Cachan.
La distance qu'il faut parcourir pour un piéton pour atteindre l'ENS Cachan depuis la station Bagneux est d'environ 700 m.

  • Une fois sorti de de la station Bagneux du RER B, vous êtes au 129 Avenue Aristide Briand Cachan.
  • Vous n'avez pas à traverser la rue, c'est-à-dire la Départementale 920.
  • Vous prenez à gauche sur l'avenue Aristide Briand, que vous parcourez sur une distance de 16 mètres.
  • Vous prenez à gauche l'avenue du Pont Royal. La distance à parcourir dans cette avenue est de 250 mètres.
  • Vous arrivez sur un rond-point vers lequel convergent six rues. Vous traversez la première à droite et vous prenez la deuxième à droite qui est l'avenue Chateaubriand
  • Vous parcourez l'avenue Chateaubriand sur une distance d'environ 100 mètres.
  • Vous arrivez sur la place de Châteaubriant en forme de rond-point, vers laquelle convergent quatre rues.
  • Vous traversez le rond point et continuez tout droit (30 m environ).
  • Vous continuez sur l'avenue Chateaubriand sur une distance de 180 m.
  • Un passage piéton vous permet de traverser l'avenue (Départementale 127).
  • Vous êtes arrivé au 61 avenue du Président Wilson.
  • Sur la droite, se trouve l'accès piéton, ainsi que l'accueil et la porterie.

lundi 21 septembre 2009

Mobiliser le droit, se saisir du droit et réaliser le droit

Sites de mobilisations collectives des associations homosexuelles en Suisse et en Espagne.
Marta Roca i Escoda (ULB, GRAP – UAB, IDT)

Résumé de la communication :

Le droit comme ressource politique donnée ou à construire, ne doit pas être seulement appréhendé comme un outil de contestation de la position minoritaire ni comme un levier d’accès au pouvoir par les minorités. Le droit, et notamment lors qu’il s’agit de se saisir du droit, de pousser le droit pour faire valoir des droits, a une composante matérielle, celui-ci étant avant tout un appareillage qui fournit des sécurisations face à des fragilités de l’existence (couple, identité, etc.). Il a également une composante symbolique, dans le sens qu’il est saisi par les minorités comme un médium de reconnaissance (i.e. d’affirmation d’une existence ou identité).
Nous voudrions traiter de ces deux composantes du droit avec quelques exemples empiriques tirés de deux études de cas dans deux contextes différents. Les premières mobilisations collectives visant la reconnaissance des couples homosexuels à Genève et les actions menées par l’association de Familles lesbiennes et gaies (FLG) en Catalogne, ayant comme but de réajuster les droits acquis (notamment l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, avec une pleine reconnaissance de la filiation homosexuelle) avec les protocoles et les instances administratives (registre civil, formulaires pour les demandes d’adoption, etc.).

Le choix concernant le terme mobilisation du droit, plutôt que recours au droit, s’explique par le fait que notre démarche suppose d’observer un processus qui est à la fois social et conceptuel . « Social » d’abord, parce qu’en amont de l’arène parlementaire il faut qu’un problème public suffisamment consistant et mettant en jeu les valeurs et principes de la communauté politique soit amené à l’attention des Autorités et que la nécessité de faire une loi apparaisse justifiée. « Conceptuel » ensuite, car si, comme l’écrit M.-A. Hermitte, le « droit est un autre monde » et qu’il dispose de son propre langage , lorsque l’on fait appel à lui, il convient d’amener les situations pratiques qui font problème à sa hauteur et de composer avec son réseau conceptuel. Il est en effet nécessaire de traduire les choses dans des termes qui autorisent les juristes et les parlementaires à rentrer en matière et qui rencontrent les « mondes possibles du droit » auxquels ceux-ci se réfèrent lorsqu’ils légifèrent.

D’autre part, étudier la réalisation du droit implique de prendre en compte un ensemble de médiations, d’intermédiaires et de dispositifs cognitifs susceptibles d’accompagner le droit en dehors de la seule arène judiciaire. « Ainsi, penser la réalisation du droit, ce n’est pas uniquement s’inquiéter de l’effectivité du droit, c’est d’un même tenant devoir penser la préparation de l’environnement, des situations et des personnes au cheminement et à la concrétisation des contraintes, des objectifs, des garanties et des exigences du droit » .

Afin d’apprécier les mobilisations du droit, on va retracer la genèse d’une mobilisation collective donnant lieu à un projet de loi, relatif à l’institutionnalisation des couples homosexuels, qui sera par la suite déposé au Parlement genevois. A travers le cas concret d’un couple homosexuel qui, via un collectif ad hoc, configure et porte une cause jusqu’aux instances législatives en proposant la première loi Suisse sur le concubinage (i.e. partenariat) à Genève, il s’agira d’apporter des pistes de réflexion quant à la mobilisation du droit. Plus concrètement, on montrera comment ces personnes s’adressent à la sphère juridique et réclament une évolution des structures institutionnelles de telles façons que celles-ci soient en mesure de leur faire droit.

Dans un tout autre contexte, nous allons nous pencher sur la réalisation du droit, en prenant comme étude de cas les actions engagées par une association catalane de familles lesbiennes et gais, qui se mobilisa pour essayer d’adapter les dispositifs administratifs référents aux procédures d’adoption et d’insémination artificielle à la reconnaissance de la parenté homosexuelle, résultant de l’ouverture du mariage aux personnes homosexuelles. Bien que la loi espagnole du mai 2005, ouvrant le mariage aux couples homosexuels, permet l’accès à la parenté homosexuelle (et reconnaît les familles homosexuelles existantes), la complexité du système juridico-administratif espagnol – notamment, en raison de la prévalence de quelques codes civils des régions autonomiques sur le code civil de l’Etat – entrave la réalisation concrète de certains droits liés au mariage homosexuel dans le contexte catalan. En effet, en Catalogne une loi antérieure à la loi espagnole ouvrait l’accès à l’adoption des couples homosexuels et reconnaissait la parenté homosexuelle, mais avec un décalage important : il n’y avait pas d’automatisme dans le processus de filiation lorsque deux femmes recouraient aux PMA, la mère non biologique devait entamer une procédure de filiation, là où la loi sur le mariage espagnol stipulait un automatisme dans ces processus de filiation.

D’autre part, dans les processus d’adoption, bien que les couples homosexuels aient les mêmes droits que les couples hétérosexuels, les instances qui se chargent de juger de la capacité (le terme utilisé est idoine) d’une personne ou d’un couple à adopter un enfant n’ont pas changé les critères d’aptitude, ceux-ci sont fortement ancrés dans la valorisation d’un modèle traditionnel du couple (hétérosexuel et marié). Avec l’étude des actions engagées par cette association de familles lesbiennes et gays nous allons essayer d’illustrer la manière dont ces minorités se saisissent du droit et poussent à la réalisation du droit.

lundi 3 août 2009

Usages socio-politiques du droit de l’anti-discrimination. Le cas d’une action publique locale de lutte contre les discriminations raciales

Marie-Christine Cerrato Debenedetti,

Doctorante, IEP d’Aix en Provence, IREMAM


Résumé de la communication

Le droit français de l’anti-discrimination offre désormais un arsenal juridique important. Or, l’utilisation de ce droit contribue davantage à la mise en visibilité du fait discriminatoire qu’à l’effectivité du droit. L’analyse du déploiement d’une action publique de lutte contre les discriminations dans une grande ville française, et de l’activité juridique d’un nouvel acteur associatif local, montre que les « entrepreneurs » locaux des « discriminations raciales » sont confrontés à plusieurs paradoxes. Alors qu’ils mobilisent le droit pour légitimer le problème des discriminations raciales, la multiplicité des critères discriminatoires contribue à masquer le problème qu’ils veulent faire reconnaître. Par ailleurs, une disjonction forte apparaît entre les vécus discriminatoires et les possibilités de traitement offertes par le droit. Enfin, l’effort pour présenter le droit comme une réponse efficace au problème des discriminations se heurte à la difficulté de parvenir à un traitement judiciaire des discriminations. Nous décrirons les formes et les effets de ces paradoxes du problème des discriminations raciales dans la configuration locale étudiée. »

jeudi 30 juillet 2009

L’appréhension des minorités par le droit public français


Olivia BUI-XUAN

Maître de conférences en droit public


Résumé de la communication

Depuis les années 1980, le droit public français a pris de la distance avec sa tradition universaliste : en dépit de décisions du Conseil constitutionnel rappelant l’ignorance par le droit public d’un quelconque droit des groupes, certaines minorités sont aujourd’hui conçues comme de véritables catégories juridiques ; elles ne sont donc plus exclusivement renvoyées à la sphère privée.

Cette gestion juridique des minorités est susceptible de relever de deux logiques bien distinctes : la reconnaissance d’un droit à la différence ou, au contraire, l’affirmation d’un droit à l’indifférence, dans une perspective d’égalité réelle. Pour chacune des mesures s’inscrivant dans ces politiques, on se demandera si le droit public accorde des droits individuels aux membres des minorités ou de véritables droits des groupes aux minorités elles-mêmes.

Minorités nationales et représentations garanties : la dialectique unité – diversités dans les PECO



Marie-Laure Basilien-Gainche
Maître de conférences en droit public
UFR d'études européennes
EA 2291 Intégration et coopération dans l'espace européen ICEE
Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle

Résumé de la communication

Différentes méthodes de représentations des minorités nationales sont appliquées dans les enceintes législatives de certains Etats européens. Ce sont particulièrement les Etats d’Europe centrale et orientale, singulièrement les Etats des Balkans qui cherchent à promouvoir ainsi la participation aux institutions de personnes appartenant à des minorités, à prévenir ainsi les conflits internes. Par conséquent, n'y est pas retenue la conception traditionnelle en vigueur dans la plupart des systèmes politiques selon laquelle tout citoyen est considéré comme membre du corps politique et est donc appelé à participer à la sélection des représentants et des gouvernants, sans que soient prises en compte sa communauté historique d’appartenance. Dans le délicat équilibre à trouver entre unité et diversité, ces Etats tendent à accorder une attention sur les particularités de ses composantes, sur les spécificités de ses minorités. Les règles du droit électoral prévoient en effet de réserver certains sièges de la chambre basse du Parlement aux minorités nationales, ou de déroger au seuil électoral pour permettre aux minorités d’avoir des représentants à la chambre basse, ou d'accorder aux minorités le droit de se constituer engroupes parlementaires et/ou enpartis politiques. Néanmoins, certains régimes, au nom de la préservation de l'unité nationale, se refusent à admettre de tels dispositifs: les Etats baltes ne veulent pas reconnaître de représentation à leurs minorités russophones. Cela n'est d'ailleurs pas pour plaire à la Commission de Venise pour la démocratie par le droit :qui attache une grande imposrtance aux droits des minorités et à leur respect.

mercredi 29 juillet 2009

La HALDE et l’universalisation de la lutte contre les discriminations

Vincent-Arnaud Chappe

Doctorant ISP-ENS Cachan,


Titre de la communication


« L’abstraction universalisante du droit » au service de la topique anti-communautariste : la création de la HALDE et l’universalisation de la lutte contre les discriminations.


Résumé de la communication


A partir d’une étude sur la création de la Haute Autorité de la Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (HALDE) dans une perspective généalogique, cette communication se proposera de montrer comment en France, la prégnance de la topique anti-communautariste dans l’espace public associée au potentiel universalisant du droit ont contribué à forger un modèle spécifique de lutte contre les discriminations où la figure minoritaire est évacuée, au profit de la création d’une image de la victime comme individu générique. Cette figure « universelle de la victime » sans traits spécifiques de vulnérabilité permet alors tout à la fois de respecter la grammaire universaliste des arènes politiques françaises tout en assurant une jonction des causes minoritaires apaisant – au moins de façon provisoire – les conflits entre représentants des groupes les plus susceptibles de connaître la discrimination.




lundi 27 juillet 2009

Jeux et enjeux de la qualification des populations minoritaires en Lettonie


Pascal Bonnard

Doctorant au CERI – IEP de Paris

pascal.bonnard@sciences-po.org


Titre de la communication


Colons, vraies ou fausses minorités, immigrés... Jeux et enjeux de la qualification des populations minoritaires en Lettonie suite à l'introduction du droit européen sur les minorités


Résumé de la communication



À partir d'une étude des prises de position exprimées par les députés du Parlement letton lors des débats relatifs à la ratification de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, cette communication interroge la façon dont le droit est mobilisé dans les luttes de (re)définition des minorités et de leur statut au sein de la nation. L'introduction en Lettonie du droit européen sur les minorités a permis aux autorités de formaliser une hiérarchisation des populations minoritaires. Mais les représentants déclarés des minorités se saisissent aussi de ce droit afin de promouvoir leur cause, les normes européennes faisant office d'instruments dans le combat qu'ils se livrent pour le monopole de la représentation politique de ces populations. Et à cette occasion, des définitions divergentes de la catégorie « minorités », conformes ou rivales de celle établie par les autorités, sont avancées. L'introduction du droit européen a par conséquent attisé une concurrence au sein des porte-parole des minorités tout en leur élargissant leurs moyens d'action.

Luttes de reconnaissance des « minorités visibles » en France et en Allemagne


Soline Laplanche-Servigne

Doctorante – IEP de Paris


Titre de la communication

Luttes de reconnaissance des « minorités visibles » en France et en Allemagne : combat politique contre le racisme ou combat de droit contre les discriminations ?

Résumé de la communication

A partir d’une enquête portant sur quatre mouvements d’action collective, français et allemands, animés par des acteurs mobilisés « en tant que victimes » de racisme et/ou de discrimination raciale, il s’agira d’analyser comment s’imbriquent dans leur action « lutte contre le racisme » et « lutte contre la discrimination raciale ». Une dissociation est souvent opérée dans la littérature en sciences sociales entre la lutte contre le racisme définie comme combat politique (et souvent moral) et la lutte contre les discriminations raciales, définie comme combat de droit (et dès lors présentée comme plus objectivable). Néanmoins, aborder cette distinction du point de vue des luttes de reconnaissance de « victimes activistes » invite à en réinterroger les frontières et les significations, au regard notamment des transformations de la « norme antiraciste » en Europe. Nous nous poserons ainsi la question des capacités que les victimes mobilisées attribuent au droit comme outil de reconnaissance, et du rôle des législations antiracistes dans les modes de légitimation de leurs mobilisations.

Minorités et réclamations de l'égalité en droit : répertoires d'arguments et répertoires d'actions


Juliette Rennes

Maître de conférences à l'Université Lyon2, Institut de la Communication

Chercheuse à l'Institut Marcel Mauss.


Résumé de la communication

Cette communication s'appuie sur la confrontation de trois controverses suscitées en France par des demandes d'égalité en droit depuis le dernier tiers du 19e siècle : la controverse sur l'accès des femmes aux droits professionnels et politiques réservés aux hommes jusqu'à la fin de la Troisième République, et les controverses contemporaines sur l'accès des étrangers résidents à ces mêmes droits et l'accès des couples de même sexe à l'union légale et à la filiation. Alors que, pour des raisons différentes, les défenseurs contemporains des minorités nationales et sexuelles érigent la controverse antérieure sur l'égalité des sexes en précédent fondateur pour leurs propres revendications, l'objectif est alors de comprendre comment des distinctions en droit, auparavant perçues comme justifiées, basculent dans la catégorie de discriminations injustes, et d'analyser, dans leurs évolutions et leurs reconfigurations depuis le dernier tiers du 19e siècle, les régimes argumentatifs mobilisés pour dénoncer ou préserver des inégalités.

L’usage des lois visant à lutter contre les discriminations raciales en France : genre et citoyenneté


Isabelle Carles

Docteur en droit, Chargée de recherche au METICES-GEM (Groupe d’études et de recherches «Genre et Migration»), Institut de Sociologie – ULB, Bruxelles


Résumé de la communication

L’objectif de la communication est d’évaluer l’effectivité des lois visant à lutter contre les discriminations raciales à partir du point de vue du sujet et dans une perspective de genre.

L’hypothèse principale est que les femmes et les hommes utilisent le droit de manière différente lorsqu’ils sont confrontés à une discrimination raciale, parce qu’ils développent différentes représentations du droit et ont des expériences différenciées de la discrimination. De plus, les rapports sociaux de sexe, de classe et ethnique ont un impact tant sur la perception de la discrimination raciale que sur le traitement institutionnel des plaintes. Des méthodes quantitatives (analyse de dossiers de plainte) et qualitatives (entretiens avec des juristes et des plaignants) sont utilisées pour parvenir à analyser les différences par genre à trois niveaux : celui de l’expérience genrée de la discrimination raciale, celui de l’utilisation des ressources, celui du traitement genré des plaintes par les institutions.

Les néoconservateurs Noirs américains face à l’affirmative action


Délia Lacan

Doctorante en Civilisation américaine, Université « François Rabelais » Tours

Laboratoire de recherche : le GRAAT (Groupe de Recherche Anglo - Américaine de Tours)


Résumé de la communication

Le groupe des néoconservateurs Noirs américains, « minorité au sein d’une minorité », se légitime d’une part par des caractéristiques qui réunissent les traits d’une identité politique ou politisée (black Republican), d’autre part en fonction d’une identité qui émerge par rapport au groupe d’origine, sous la forme d’un écart (dissent) des principes, des normes et des valeurs partagées par la communauté noire. En ce sens, leur mobilisation contre le système des préférences raciales garanti par les programmes de l’affirmative action est exemplaire. Les néoconservateurs Noirs font recours au droit pour obtenir gain de cause dans la plaidoirie nationale pour la reconnaissance d’une norme constitutionnelle représentée par la color blindness. Leur alliance avec les conservateurs Blancs creuse davantage les écarts entre les néoconservateurs Noirs et leur communauté d’origine.

La juridification, une autre approche de la saisie du droit par les minorités ?


David Paternotte

Docteur en sciences politiques

Chargé de recherche du Fonds national de la recherche scientique

Université libre de Bruxelles (Metices-CSP, Institut de Sociologie)

Jesus College Cambridge

david.paternotte@ulb.ac.be


Résumé de la communication

Cette communication explore les différentes facettes de la notion de juridification, qui désigne le caractère matriciel acquis par le droit pour les mouvements sociaux sans que ceux-ci n’aient nécessairement recours aux cours et tribunaux. Ce texte se base sur l’exemple de la revendication de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe en Belgique, en France et en Espagne. Il souligne en quoi ce rapport au droit rompt avec des formes antérieures d’action collective au sein des mouvements gays et lesbiens et discute plusieurs causes possibles de cette transformation.

Le droit, un outil efficace pour l’émancipation des femmes au sud ?


N’Diaye Marième

Doctorante en science politique, allocataire de recherche et monitrice à l’IEP de Bordeaux, CEAN (centre d’études sur l’Afrique noire).


Titre de la communication :

Le droit, un outil efficace pour l’émancipation des femmes au sud ? Le cas de l’action des organisations féminines pour la promotion du statut de la femme dans le code de la famille sénégalais.

Résumé de la communication

La promotion de la condition féminine constitue l’une des priorités des bailleurs de fonds et s’inscrit dans l’agenda politique de la plupart des pays en développement. Cependant, tous les aspects de cette promotion ne font pas l’objet du même engouement. Le cas du Sénégal permet de montrer que les impératifs de développement, le manque d’appropriation de l’outil juridique par les populations et le poids de la religion musulmane ont contribué à marginaliser le droit comme répertoire d’action. Ainsi, 36 ans après son entrée en vigueur, le droit de la famille n’a jamais été réformé malgré les nombreuses revendications des associations féminines en ce sens. Seulement, les avancées enregistrées dans d’autres domaines n’ont fait qu’accroître le hiatus entre réalité juridique et réalité sociale d’où une relance du débat.

Le droit, réhabilité par les entrepreneurs de cause, peut-il constituer un outil pertinent pour la promotion du statut de la femme au Sénégal ? Nous tâcherons d’apporter des éléments de réponse à cette question en étudiant les modes d’appropriation du droit par la société civile afin d’évaluer l’impact de son utilisation sur le terrain (conscientisation des femmes) d’une part, et sur le plan juridique (réformes, harmonisation) d’autre part.